"C'est une mascarade", "du pipeau", "de l'esbroufe, du saupoudrage": A Marseille, à Rennes, comme au rond-point de Varennes, les "gilets jaunes" ne décolèrent pas après l'allocution d'Emmanuel Macron, et promettent un Ve acte qui peut être la fin de la Ve République.
Au rond-point du Boulou en Pyrénées-Orientales, à la nuit tombée lundi soir, quelque 150 "gilets jaunes" ont écouté attentivement les mots du chef de l'Etat autour d'un haut-parleur, avant de se mettre à vociférer en choeur. "Il essaie de faire une pirouette pour retomber sur ses pattes. On voit bien qu'il n'est pas sincère, que c'est de la poudre aux yeux", lance Jean-Marc, un garagiste."C'est de l'esbroufe, des effets d'annonces, du saupoudrage, on dirait même que c'est de la provocation", abonde Thierry, 55 ans, mécanicien vélo qui a enfilé le gilet jaune il y a quinze jours.
"Peut-être que si Macron avait fait cette allocution il y a trois semaines, ça aurait calmé le mouvement, mais maintenant c'est trop tard", estime Gaétan, 34 ans, l'un des référents du groupe "Rennes Lapins Jaunes".
Venus des quatre coins du Tarn, les "gilets jaunes" réunis sur le rond-point de Réalmont lâchent soupirs et rires nerveux. "Le peuple lui demande de démissionner et lui impose des sparadraps sur des brûlures au 3e degré..."
Pour Luc, pizzaïolo à Marseille, "c'est une mascarade. Il annonce des primes versées par les employeurs, mais comment vont-ils faire, ils n'ont plus de sous".
Certains "gilets jaunes" voient quand même "une prise de conscience" voire une "avancée" dans le discours présidentiel. "L'augmentation du Smic de 100 euros, c'est vraiment pas mal", se réjouit Erwan, l'un des porte-parole à Rennes. Les annonces pour les retraités qui gagnent moins de 2.000 euros "ça va quand même leur faire un petit plus", "la prime de fin d'année aussi !". "Il a même parlé des grandes entreprises qui ne payent pas leurs impôts en France, on espère que ça bougera là-dessus aussi".
"Il y a de bonnes idées, un mea culpa, qui arrive trop tard mais on ne va pas cracher dessus", abonde Claude Rambour, 42 ans, "gilet jaune" membre des "Gaulois de Calais". Mais "il aurait dû aller plus loin", dit le quadragénaire qui craint que ce discours veuille "diviser les gilets jaunes".
"On va prendre le temps de réfléchir, d'interpréter, d'en parler entre nous", explique Laure, une mère sans-emploi de Gironde, qui n'est pourtant "pas convaincue".
Mais "le fait qu'il ne revienne pas sur la suppression de l'ISF, c'est pire que tout. C'est par là qu'il a allumé la mèche et il n'éteint pas l'incendie, fustige à Montceau-les-Mines Pierre-Gaël Laveder. Globalement, "Macron n'a pas vraiment pris la mesure de ce qui se passait. On en est maintenant à demander un changement de système". Le militant CFDT prévient que ça risque "de péter cette nuit" et "samedi, le Ve acte, ça peut être la fin de la Ve République".
Cf/ AFP, le10 décembre 2018
Le président de la République a fait plusieurs annonces lundi 10 décembre. Le discours n'a pas été suffisant pour les gilets jaunes de la Nièvre, qui souhaitent poursuivre leur mobilisation.
Emmanuel Macron "nous a endormis ; ce qu’il propose nous sert à rien", estiment certains gilets jaunes sur le rond-point de Textilot, à Varennes-Vauzelles. À Decize, Corbigny, Guérigny, Cours-les-Barres et différents points du département, le mouvement n’est pas levé.
Aménagements, ravitaillement, occupation : comment vivent les gilets jaunes au rond-point de Textilot à Varennes-Vauzellen. Pour les gilets jaunes nivernais, les mesures annoncées par le président lundi 10 décembre ne permettent pas de toucher la totalité de la population. "Ce sont des mesures pour diviser." Au rond-point de Textilot, ils sont nombreux à demander la démission d'Emmanuel Macron.
Avant le discours de 20 h, les gilets jaunes avaient donné leurs revendications au conseiller communautaire de l’agglomération de Nevers, Fabrice Berger. "Ce sont des revendications nationales, mais qui passent par le local pour qu’elles soient entendues", ajoute Benoît, le porte-parole du point de Textilot.
Au lendemain des annonces faites par le président, les revendications restent également insatisfaites à Decize. Les gilets jaunes donnent rendez-vous à tous ceux qui veulent les rejoindre, samedi, à 10 h, au rond-point de la gare.
Au rond-point de Botanic, à Varennes-Vauzelles, les forces sont toujours présentes. Ici non plus, le discours n’a pas convaincu. "Il n’a répondu à rien. On n’attend plus rien de lui, sauf sa démission." Les revendications sont aussi multiples que le nombre de gilets jaunes : suppression de l’ISF, Smic à 1.500 €, baisse des taxes, augmentation des indemnités chômage, référendum, etc. Les gilets jaunes veulent pouvoir révoquer les élus s’ils ne sont pas capables de gouverner.
jejdc.fr/ Anne-Charlotte Eveillé
De nombreux événements émergent sur Facebook pour samedi 15 décembre. La manifestation est baptisée par tous : Acte V des Gilets Jaunes.
La plus populaire, et la plus classique, sera la marche sur les Champs-Elysées intitulée "Acte 5 : Macron Démission" qui regroupe déjà 9 900 participants et 63 000 intéressés. Quand certains appellent à marcher sans violence, l'événement s'intitule "Préparons Noël", et ne donnent pas encore l'itinéraire de la manifestation, d'autres ne précisent qu'une adresse : Palais de l'Elysée, et une heure : 22h samedi. Déjà un succès pour ce dernier appel qui réunit 5 500 participants et 39 000 intéressés.
La bonne idée des Gilets Jaunes !
A quatre jours de la prochaine manifestation, les internautes appellent à une prise de contrôle des médias publics. L'objectif : Assurer la communication des idées dans toute leur diversité en France et non faire propagande pour tous les intérêts Prédateurs souligne l'événement Gilets Jaunes : on reprend le contrôle des médias ! Son parcours ? Un départ de la Maison de la Radio, pour rejoindre les locaux de France Télévisions.