Faut-il supprimer la F.O.L. ?

Publié le 25 Juillet 2017

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Associations et argent public

Le Conseil d’Administration de la Ligue de l’Enseignement, la FOL, réuni le 29 juin 2017, a élu Eric Favey, Président de la Fédération Départemental de l’Isère, en qualité de Président National.
A 62 ans, cet inspecteur général de l’Education Nationale a un long parcours de militant associatif de l’éducation populaire. Instituteur de formation mais qui a très peu enseigné, il entre à la Fédération Départementale de la Ligue de l’Enseignement de Haute-Saône en tant que responsable du secteur culturel avant d’en être le secrétaire général.
 
Créée en 1931, la Fédération des Oeuvres Laïques de la Nièvre est une association loi 1901, reconnue d'utilité publique.
C'est un mouvement local qui fédère des associations, regroupe des citoyens pour constituer un réseau d'éducation populaire avec une référence forte à la laïcité, principe toujours d'actualité.
Ses valeurs et son histoire s'inscrivent dans celles de la Ligue Française de l'Enseignement, née en 1866 de la volonté de républicains soucieux de permettre à tous d'accéder à l'éducation et à la culture dans le but d'établir durablement une société plus juste, plus libre, plus solidaire.
La F.O.L. de la Nièvre est présente sur l'ensemble du département par l'intermédiaire de 242 associations et 8554 adhérents ? Ses domaines d'intervention sont variés : promotion d'initiatives culturelles, sportives, éducatives, sociales...
La Ligue de l’enseignement, c'est-à-dire la F.O.L., avec près de 28 millions de subventions publiques versées à la seule Fédération nationale en 2013 et sa multitude d’associations locales ont la réputation de disposer d’un budget deux fois supérieur à celui du ministère de la Jeunesse et des Sports (883 millions d’euros en 2014). Forte d’un budget évalué à près de 150 millions d’euros, la fédération Léo Lagrange n'est pas non plus en reste. Des deux acteurs, la Ligue demeure la plus puissante et la mieux lotie et les associations qu’elle regroupe représentent environ 50% du marché périscolaire, centres de loisirs, camps de vacances, associations sportives… contre 25% pour Léo Lagrange.
Forts de centaines de permanents au siège de ces deux géants associatifs, La Ligue et Léo Lagrange sont mieux outillés que les petites associations pour répondre aux appels d’offres. Cette suprématie leur permet de se tailler la part du lion. Au risque de constituer une concurrence déloyale pour des prestataires privés qui n’ont pas la ressource de piocher dans la poche des contribuables pour ajuster leurs offres.
Le profil de la Ligue s’ancre à gauche. Créée en 1866 par Jean Macé, alors professeur dans un pensionnat de jeunes filles, elle s’est tout de suite positionnée en faveur d’un enseignement militant, son fondateur estimant que, s’il avait été « éduqué », le peuple n’aurait jamais permis l’élection de Napoléon III au suffrage universel masculin en décembre 1848.
Proche de la franc-maçonnerie, la Ligue a profité de son siècle et demi d’existence pour se constituer un patrimoine considérable. Elle détient des châteaux qu’elle a transformés en « colo », des camps de vacances… Elle revendique 30 000 associations affiliées mais sa taille réelle est difficile à estimer puisque La Ligue se compose d'associations qui naissent et meurent.
 
La Ligue, avec son agrément d'association complémentaire de l’école publique, reçoit à ce titre un financement important du ministère de l’éducation nationale. D’autres subventions de la FOL peuvent provenir de la DRAC, de la DRDJS, de l’ACSE, de l’Europe, de la Région, du Conseil départemental, de la CAF, sans oublier les Mairies. La Fédération et le ministère de l’éducation nationale ont conclu une convention pluriannuelle d’objectifs. Lors de la première convention il y a vingt ans, sa déclinaison permettait le salariat de personnes à temps plein.
La Ligue de l’enseignement compte en outre sur l’ensemble du territoire environ 160 enseignants détachés.
L’avenir du Centre de ressources en robotique, à l’Inkub, est incertain. « Il va perdurer », assure Denis Thuriot. Mais les relations se sont tendues avec la Fédération des œuvres laïques, qui gère le centre.
L’éviction d’Olivier Thiais à la tête de la Fédération des œuvres laïques de la Nièvre (Fol) a, dans l’immédiat, une incidence principale : le Centre de ressources en robotique éducative et professionnelle (Crrep), ouvert à l’Inkub en septembre 2016, n’est pas certain de fêter son premier anniversaire. En ce début d’été caniculaire, les relations entre Nevers Agglomération et la Fol se sont particulièrement refroidies à ce sujet.
 
Sur la forme, d’abord. Michèle Zwang-Graillot, présidente de la Fédération des œuvres laïques, indique avoir demandé un rendez-vous à Denis Thuriot, maire de Nevers et président de Nevers Agglomération, pour évoquer l’avenir du Crrep, que gère la Fol. « Le plus rapidement possible car il y a des échéances à la rentrée de septembre. » Denis Thuriot, au contraire, assure que c’est lui qui a demandé des éclaircissements, par courrier recommandé, à la présidente de la Fol. « Pour toute réponse, on m’a dit de m’adresser à son secrétariat. J’ai proposé un rendez-vous le 28 juillet. Nous en sommes là. »
Le plus important reste le fond. Sur lequel les divergences sont, là aussi, flagrantes. Après s’être séparé de son délégué général, Olivier Thiais, qui avait lancé ce Centre de ressources en robotique, la Fol 58 a ensuite mis fin à la fonction du directeur du centre, Adrien Payet. Il ne s’agit pas, dans ce cas, d’un licenciement ou d’une rupture de contrat. Adrien Payet était un prestataire, dont la mission était définie par une convention qui expirait le 30 juin. Elle n’a pas été renouvelée par la Fol.
 
« Je ne sais pas si la Fol a l’intention de torpiller le Centre de ressources en robotique mais si c’est le cas, une autre structure prendra le relais. »
DENIS THURIOT (Maire de Nevers et président de Nevers Agglomération)
Sans Olivier Thiais pour le soutenir et sans directeur, le Crrep peut-il perdurer ? La Fol a-t-elle l’intention de continuer à porter ce projet ? « Il est en adéquation avec les missions et les valeurs d’éducation populaire de la Fédération des œuvres laïques », assure en tout cas Olivier Thiais. « Ses actions sont à destination d’un large public. Nous l’avons monté en partenariat avec l’Éducation nationale. Cela nous a permis d’intervenir dans des écoles de Nevers et l’agglo. Le temps scolaire est une porte d’entrée mais l’objectif était d’intervenir aussi sur le temps périscolaire, le temps des loisirs. Et il ne s’agit pas seulement d’apporter des robots dans des classes. Il y a tout un travail d’accompagnement à effectuer, auprès des enfants et des adultes. »
Ce travail et ces projets, Denis Thuriot entend les poursuivre. « Le Crrep doit perdurer, va perdurer », insiste-t-il. La Ville et l’Agglo ont d’ailleurs attribué des subventions à la Fol pour faire vivre ce centre et animer l’Inkub. « La subvention de la Ville a été votée mais pas encore versée », précise Denis Thuriot, laissant clairement entendre que le financement sera conditionné aux décisions de la Fol. « Je ne sais pas si la Fol a l’intention de torpiller le Centre de ressources en robotique mais si c’est le cas, une autre structure prendra le relais. »
 
Pour le maire, comme pour l’ancien délégué général, c’est maintenant à la Fédération des œuvres laïques de se prononcer. « Les projets ont toujours été présentés devant le bureau de la Fol, les conventions ont été signées par la présidente de la Fol », relève Olivier Thiais, pour tordre le coup aux critiques internes l’ayant accusé d’avoir mené ce projet seul, en lien direct avec Denis Thuriot.
« Il y avait des projets pour la rentrée mais rien de défini concrètement. Nous devons clarifier tout cela. »
MICHÈLE ZWANG-GRAILLOT (Présidente de la Fol 58)
 
« J’ai envoyé aux dirigeants de la Fol le bilan écrit de la première année de fonctionnement du Crrep mais je n’ai eu aucun retour », déplore de son côté Adrien Payet. « Aucune convocation à un entretien pour évoquer les actions, aucune explication sur le non-renouvellement de mon contrat. Juste une lettre m’indiquant que ma mission était terminée. Cet été, des animations avec les robots auraient pu être montées dans les centres de loisirs. Au lieu de cela, ils ne servent plus. »
Michèle Zwang-Graillot ne dévoile pas ses intentions. « Il y avait des projets pour la rentrée mais rien de défini concrètement. Nous devons clarifier tout cela. C’est la raison pour laquelle je veux en discuter avec Denis Thuriot », Pour l’instant, les deux camps se renvoient la balle. Et les robots dorment dans leur placard.
Le Crrep, c'est quoi ? Depuis sa création à l’automne 2016, et surtout depuis janvier, le Centre de ressources en robotique éducative et professionnelle a mis sur pied plusieurs actions, sous la houlette de son directeur, Adrien Payet, qui avait été recruté par Olivier Thiais. Grâce à une convention avec l’Éducation nationale et les ateliers Canopé (réseau de création et d’accompagnement pédagogique), des interventions en école maternelle et élémentaire ont été effectuées dans vingt-trois classes de Nevers et l’agglomération. Les robots sont utilisés de manière ludique et pédagogique. Le Crrep a aussi participé à des événements type la First Lego League, la Semaine des mathématiques, l’Université du numérique, le concours robotique de l’Isat… Un volet de formation, des enseignants et des animateurs, était en outre envisagé.
Jean-Mathias Joly/ lejdc.fr

Rédigé par education-programme

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J
Bonjour Jean-Paul,<br /> Non ! Pas du tout, le domaine reste avant tout réservé aux instituteurs, comme d’autres le sont aux catholiques qui n’ont désormais plus guère d’influence, comme d’autres le sont aux militaires qui se distribuent des médailles...<br /> <br /> From: jpdumery<br /> Sent: Tuesday, July 25, 2017 7:24 PM<br /> <br /> As-tu des relations avec les gens de la FOL ?
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