Publié le 6 Avril 2018
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Depuis sa création en 1959 avec un ministre doté alors de réels pouvoirs cette institution, mis à part quelques actions peu contestables, comme la sauvegarde du patrimoine, aura surtout bénéficié aux fonctionnaires et sans doute aussi à quelques rares connaissances artistiques.
A l’heure de la troisième génération rien n’a changé et les frais de fonctionnement sont toujours là. Cependant, au fil du temps, l’enveloppe dévolue au soutien artistique proprement dit, c'est-à-dire aux créateurs, s’est réduite comme peau de chagrin, sans parler hélas du discrédit de l’exécutif.
La Culture ! Un ministère des illusions et des frustrations ?
Mais les artistes en mal de reconnaissance se consoleront peut-être en pensant que cette raréfaction des aides aura au moins comme avantage d’éviter des choix forcément arbitraires et trop souvent orientés.
« Rendre accessible les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français. En assurer la plus vaste audience et favoriser la création des œuvres d’art et de l’esprit... ».
Quant à la diffusion “démocratique”, notamment de l'art vivant, Malraux pense la promouvoir à travers des Maisons de la Culture.
Il y a donc cinquante ans qu'André Malraux fut nommé ministre des affaires culturelles. C'est la première fois que les politiques culturelles en France sont confiées à un ministère autonome. Déjà en 1937, Jean Zay était appelé à la tête d'un ministère englobant enseignement et culture. Et au cours du XIXe siècle plusieurs personnalités jouèrent un rôle prépondérant dans l'implication de l'Etat en matière de patrimoine et de Beaux-arts, notamment Vivant Denon sous le Premier Empire et Nieuwerkerke sous le Second Empire. Le gouvernement d'Emile Ollivier sous Napoléon III compta d'ailleurs un " ministre des Beaux-arts " en la personne de Maurice Richard.
André Malraux lors de l'inauguration de l’exposition « Chefs d’œuvre de l’art mexicain » au Petit Palais, Paris 13 juin 1962, mais à cette époque, nulle parité, on reste entre hommes !
18 avril 1964 - Maison de la culture de Bourges, André Malraux : « Il faut que nous puissions rassembler le plus grand nombre d'œuvres pour le plus grand nombre d'hommes ».
12 Mars 1966 - Le préfet de la Nièvre Olivier Philip s'est rendu à Nevers en compagnie d'Emile Biasini représentant d'André Malraux pour la pose de la première pierre de la maison de la culture. Ce sera un lieu où seront confrontées les différentes oeuvres du patrimoine culturel ainsi que l'expression vivante de la cité. L'ouverture est prévue début 1968, cette maison de la culture devrait entretenir des relations avec celle de Bourges.
Rapport d'information n° 274 (2000-2001) de M. Yann GAILLARD, fait au nom de la commission des finances, déposé le 18 avril 2001
La Villa Médicis - Un privilège royal devenu mythe national et républicain !
Voici une « Académie » qui n'a plus de tradition à transmettre, qui groupe des lauréats sans aucun centre d'intérêt commun, et qui, même dans ses domaines d'excellence historique, musique et arts plastiques, ne saurait plus offrir ni références ni critères d'évaluation.
Qui invite, aux frais de la République, des artistes au sens le plus large du terme dans une Capitale qui n'est plus, et depuis longtemps, un centre important de création. Où, par conséquent, seuls les historiens d'art et les restaurateurs de tableaux, qu'on a rajoutés à la liste, ont quelque profit intellectuel à tirer de leur séjour.
Evoquant rapidement les aspects financiers de son contrôle, M. Yann Gaillard a indiqué que ses observations pouvaient s'appuyer sur des constatations de la Cour des Comptes touchant au calcul des frais de représentation et des indemnités de fonction, ainsi qu'à la prise en compte des avantages liés à la mise à disposition de logements.
Mais dépassant ces considérations budgétaires, M. Yann Gaillard a voulu d'emblée poser une question fondamentale : quel est le sens, aujourd'hui, d'une telle institution, à partir du moment où la création tend à s'affranchir de toute tradition, et où Rome n'est plus, même à l'échelle de l'Italie, un centre actif de création ?
Indiquant qu'il avait pu constater, au cours de sa visite à la Villa, que les pensionnaires évoluaient dans un monde sans obligations ni sanctions, et que cette liberté ne suffisait pas à les satisfaire de la condition qui leur était offerte par la Villa, le rapporteur a indiqué qu'il existait une disparité évidente entre la situation des pensionnaires à carrière et celle de ceux qui n'en ont pas. Bref, entre les pensionnaires protégés et ceux qui ne le sont pas, distinction recouvrant largement celle entre les fonctionnaires - ou les futurs fonctionnaires - et tous les autres.
L'impossible réforme ?
Le premier des obstacles à une vraie réforme du fonctionnement de la Villa Médicis résulte de ce que celle-ci n'est pas perçue comme nécessaire. La Villa est pour ainsi dire mise à l'abri des critiques, telles les personnes que Jupiter voulait préserver, par le halo protecteur de son rattachement à certains principes fondateurs comme la liberté de création et le mythe du concours.
On est étonné aujourd'hui de la complexité qui présidait par le passé à l'organisation des concours des prix de Rome et du processus de sélection des artistes. La multiplicité et la diversité des épreuves, l'obsession de l'anonymat des candidats, le vote secret des membres du jury ; la sanction enfin de l'opinion du public et de la presse, rendaient, selon Jacques Thuillier, tout passe droit difficile et neutralisaient les protections dont pouvaient se prévaloir les candidats en fonction de leur lien avec tel ou tel atelier ou professeur.
Ainsi, à l'image de l'École normale supérieure, la Villa Médicis se trouvait-elle au sommet d'un système d'enseignement pour constituer la clé de voûte d'une sélection profondément démocratique et républicaine.
Or, il n'y a plus aujourd'hui pour la Villa, cette dynamique du concours avec la procédure de sélection sur dossier, dès lors que sa préparation n'implique plus un effort spécifique mais dépend en réalité de facteurs beaucoup plus personnels et subjectifs.
Par ailleurs, on s'est rendu compte que les expositions d'art contemporain à Rome n'attiraient qu'un public restreint et que, s'il s'agissait de faire connaître le travail accompli par les pensionnaires romains, il valait mieux le présenter dans le cadre d'expositions plus ambitieuses faisant intervenir des artistes de forte notoriété.
Mission de contrôle effectuée à l'académie de France à Rome
Mission de contrôle effectuée à l'académie de France à Rome : La villa Médicis: le mythe et les réalités
Vendre et supprimer, économie et égalité ! Plus de Délégations aux arts ni de Villa Médicis...
Jean-Pierre Harris - C'est la vie ! Images d'archives
1995 - Sortie du 1er Adjoint à la Culture, J-P Harris, à la Maison de la Culture de Nevers.
http://education-programme.over-blog.com/2016/05/jean-pierre-harris.html
Marc VERAT 1996 Art contemporain et institutions
sommaire art contemporain et institutions, polémiques et critiques - CARACTERISTIQUES DE LA PEINTURE ACADEMIQUE;