Cher Cousin Guy

Publié le 13 Février 2018

Cher Cousin Guy
Mercredi 29 août 2007
 
Cher Cousin Guy,
Lorsque l’invitation, inattendue, aux 150 ans de la Maison VERAT m’est parvenue, j’ai décidé de me lancer : alors j’irai samedi !
Mais vendredi soir j’ai reculé. Personne ne me reconnaitrait et, si je me présentais, vous auriez sans doute d’autres chats à fouetter auprès de vos invités.
Comme la surprise et l’émotion furent grandes de recevoir cette invitation qui procédait obligatoirement d’une démarche auprès de Gérard, le seul à savoir où me trouver...
Cependant, en revenant du marché aux bestiaux de Moulins-Engilbert la semaine suivante, j’ai fini par craquer et ne le regrette pas ! Il était tellement tentant de passer par Rouy, de prendre et donner des nouvelles.
 
Le 28 juin 2003, jour du décès de mon mari, j’ai décidé de revenir au “Pays”, à cette occasion j’ai alors revu Gérard. Ensuite j’ai effectué de nombreux aller et retour entre Vaucresson et Saint-Pierre-le-Moutier où un cousin de papa avait la gentillesse de m’héberger. En mai 2004, j’ai trouvé cette maison de Chantenay et j’ai déménagé définitivement cette même année, en octobre.
 
Le décès soudain de Gérard, vendredi 21 novembre 2003, a marqué profondément sa femme Monique. Nous venions juste de nous retrouver le mardi d’avant afin de mettre à plat les motivations de mon long silence de 45 ans. Le repas avait été agréable et, comme je partais, il m’a dit : “Est-ce-que tu penses me pardonner un jour Nicole ?”
Je dois avouer que l’annonce de sa mort brutale le vendredi suivant m’a fait peur. Malgré mes quelques tentatives, mes relations avec Monique, désormais bien au courant, en sont restées là.
 
Maintenant je vis comme je le souhaite, ma vie est équilibrée et j’ai trouvé à dépenser mon trop plein d’énergie auprès d’un ami éleveur qui me laisse agir à ma guise mais reste cependant présent lorsque j’ai besoin de compréhension.
Ces 45 années de “recluse”, comme tierce personne et épouse d’un homme devenu grabataire, entre un milieu médical d’obédience catholique ou auprès des Soeurs Augustines-hospitalières, ces longues années passées ont gardé intacts mes souvenirs de jeunesse.
A Rouy, j’ai demandé à Thérèse si le petit muret de l’escalier de tes parents était toujours là, si ton second prénom était bien Stanislas mais elle n’a pas su me répondre. Combien de fois, à l’insu du nonnon Elie, je me suis plongée dans les gros et impressionnants Larousse de la salle ; il y avait tant de chose à découvrir et à apprendre au hasard des pages. Et les broderies de la Tante Marie-Louise, la vache dans le garage pour le lait, la pompe à main de la cave, et les paniers à écrevisses garnis de hérissons. Que de souvenirs inoubliables !
Guy, la dernière fois que je t’ai vu à Moulins Marc était tout petit et vous a même sortis de table car il avait vu une belle voiture américaine garée dans la rue.
 
Mon passage à Rouy avec mon compagnon m’a permis de comprendre que je n’étais pas morte, comme maman l’avait pourtant laissé entendre à Moulins. Que la vie, avec ses peines et ses joies, continue sans rien oublier finalement du passé.
Je t’embrasse, Nicole
Cher Cousin Guy

Rédigé par education-programme

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