*
Trois semaines de travaux ont été nécessaires, en 1977, pour gommer les 93 ans d’histoire du Splendid Hôtel, l’un des fleurons architecturaux du site thermal de Pougues-les-Eaux.
Construit en 1884 à l’arrière du Pavillon des Sources, et élevé sur trois niveaux, riches de nombreux ornements architecturaux, l’établissement faisait le plein au temps où Pougues-les-Eaux rayonnait.
À cette époque, le succès du thermalisme était tel que la capacité d’accueil du Splendid Hôtel ne suffisait pas pour répondre à la demande des curistes.
Devenu Hôpital militaire en 1917, Le Splendid Hôtel s’intégrait parfaitement au site thermal auquel il était d’ailleurs relié par un promenoir très fréquenté à la Belle époque. Le conflit terminé, les lieux qui en ont souffert, font l’objet d’une cure de jouvence. Les temps ont changé. Les curistes exigent un confort moderne. Alors, la compagnie des Eaux de Pougues installe l’eau courante dans les salles de bains et le chauffage central. Mais la Seconde Guerre mondiale vient troubler la quiétude de la cité thermale. Aux heures sombres de l’occupation, le Splendid Hôtel est envahi par l’armée allemande qui en fait son central téléphonique, où fourmillent celles qu’on surnomme alors “les souris grises”, le personnel féminin en uniforme de cette couleur.
Les cloches de la Libération ayant sonné, l’hôtel est réquisitionné par les F.F.I. (Forces françaises de l’Intérieur) qui y gardent les “collabos”. S’ensuit une autre période de son histoire, liée elle aussi à la Seconde Guerre mondiale : l’hôtel accueille alors les israélistes rapatriés des camps de concentration. Ces deux derniers épisodes d’occupation des lieux ont raison de la structure hôtelière. Elle n’est plus que l’ombre de sa splendeur passée. Escaliers, planchers, portes et placads ont été brûlés pour se chauffer.
Arrêt de mort - En 1977, le Splendid Hôtel, à l’état de ruines, est une menace pour la sécurité des lieux. Le Conseil général en ordonne la démolition. L’arrêt de mort du géant est signé. Tout un pan de l’histoire thermale de Pougues va tomber sous les coups des engins d’une entreprise spécialisée de Roanne. Les curistes ont déserté les lieux. Le casino, lui aussi, met son activité entre parenthèses. Les grilles d’entrée du parc, à l’abandon, sont cadenassées.
Sources : Les Stations thermales nivernaises, Camosine, 2013 ; archives La Montagne Nièvre, 1977; recherches de Louis Rousseau.
En quelques dates
1925. Construction d’une usine d’embouteillage au Ponteau.
1943. Le Splendid Hôtel ravagé par un incendie.
1959. Le nouveau P-dg de la Compagnie des Eaux, le Corse Antoine Séréni, rénove le casino et veut reconvertir le Splendid Hôtel en maison pour diabète.
1971. Fin de l’activité thermale à Pougues-les-Eaux.
1975. Fin de l’embouteillage pour les sources Alice, Saint-Léger et Élisabeth.
Début 1976. Le Département acquiert le site de l’établissement thermal.
1977. Démolition du Splendid Hôtel.
1985. Démolition de l’ancienne usine d’embouteillage au Ponteau.
Avril 2012. Inscription du pavillon des sources Saint-Léger et Saint-Léon aux Monuments Historiques.
Avril 1992. Le Bureau de récherches géologiques et minières (BRGM), mandaté par le Conseil général de la Nièvre, rend une étude de préfaisabilité de nouveaux forages ou captages d’eau minérale, en vue de relancer une exploitation du site. Etude classée sans suite.