Publié le 6 Décembre 2014
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Je suis la complainte de la culpabilité.
Chaque jour je me présente devant la glace. Je rôde comme un renard qui a soif d’un petit plaisir.
Je suis la complainte du naufragé sans mon disque dur, ma souris, mes pixels. J’enrage, je charge décharge le compte à rebours ! Je clique, je transfuge, je souffre et m’essouffle dans cette atmosphère sans miséricorde.
Je suis la complainte de la plinthe, au ras du sol, je rampe dos au mur les yeux fixés sur la semelle du temps.
Je suis la complainte qui fait et défait. Je lave, je balaie, j’use les coursives vides de poussières.
Je suis la complainte des jours à venir, sans avenir, Je suis un survivant discret et en peu de temps j’ai vieilli de cent ans.
Je suis la complainte qui hurle et se plaint des mamelles de fer et des pas perdus. Mes idées, mes pensées, mes espoirs se déboulonnent.
Je suis la complainte des mots, des paroles qui font mal en silence.
Je suis la complainte des faux-semblants, des non-dits, des palabres qui fatiguent le cercle des poètes détenus.
Michel Hanecart, Joux-la-Ville le 03/12/2014