La Conscience de l’Enfermement

Publié le 6 Avril 2013

 

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La Conscience de l’Enfermement

 

« Bien reçu ton dernier courrier qui, déjà, me donne le frisson sur l’espace-temps que nous sommes capables de compter.

L’animal a-t-il lui aussi saisi la performance de son pouvoir à vivre sans avoir à prendre en compte le temps ? Le vide qui l’entoure n’a aucune influence sur sa conscience, sauf peut-être le fait de se nourrir qui se manifeste à chaque instant du jour ou de la nuit. L’animal communique par d’autres moyens, sans enfermement, il vit de la naissance à la mort sans jamais se poser les questions : pourquoi et comment vais-je faire pour survivre ? Il a été programmé pour être totalement libre de ses faits et gestes sans jamais intervenir avec l’intellect de l’humain qui reste une énigme dans le cosmos.

On finit toujours par mettre en doute nos espoirs, nos souffrances.

Ainsi, la brièveté de la vie, notre soumission à une nature qui aura porté des tonnes de détritus dans l’enfermement, le non-dit qu’il faut gérer de jour en jour.

 

Tout comme notre être qui ne pèse rien ou pas grand-chose dans l’histoire des hommes, la vie demeure pourtant une splendeur et je me réjouis d’appartenir à cette espèce vivante qui se régale d’écouter, de penser, de regarder, de comprendre. Il y a un univers où je suis tombé là, et pas ailleurs, et qu’avec ses quinze milliards d’années qui sont déjà passées, l’homme s’épanouit encore et encore pour, au bout du compte, s’enfermer dans une phase de sommeil éternel.

Les ombres envahissent l’incertitude, l’incohérence, toujours à surprendre et à faire le contraire de ce que nous attendons de l’avenir.

Pour un temps, je vis dans un autre monde et m’approche de la fenêtre et de ressentir la bouffée d’air, la fraîcheur animée, qui étrangement s’échappent comme un rêve. Les petits bonheurs ont aussi une existence bien précaire, il faut les enfermer dans le présent. Le passé dort, alors l’espérance refait surface mais pour combien de temps ? Choisir de prendre ou de laisser le plaisir de vivre ?

Les choses importantes se voient sur le visage mais la douleur, la souffrance, restent enfermées en plein cœur. L’oiseau chante un passé dont il n’a pas conscience et l’homme pleure parce qu’il ne sait pas. » 

 

 

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La Roulante, association loi 1901, a sur concours demandé à la poste d’éditer quelques timbres créés par des détenus.

 

Rédigé par Michel Hannecart

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